Attaques des GAT : Expansion vers les zones côtières !
Attaques des GAT : Expansion vers les zones côtières !
Les organisations djihadistes tentent d’étendre leur influence sur les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest après le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Actuellement, les intrusions en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo se multiplient.
Volonté de reprendre ces zones ou croissance imparable de ces organisations terroristes ? Rien ne peut les empêcher d’avancer, c’est certain. Très probablement, la propagation de l’extrémisme violent s’aggrave dans les républiques côtières d’Afrique de l’Ouest. Bien qu’effrayants pour les individus, les commentateurs affirment que les cas signalés dans ces pays ne sont que le début. Des organisations extrémistes violentes tentent discrètement de maintenir leur présence dans la zone souterraine. Leurs opérations dans les États côtiers leur donnent les moyens de financer, recruter et acquérir le soutien logistique dont ils ont besoin.
Le golfe de Guinée est la prochaine cible, confirmant les craintes de longue date parmi les universitaires et les agences de sécurité que le danger terroriste en Afrique de l’Ouest augmente. Ces organisations armées du Mali et du Burkina affrontent désormais les trois nations côtières avec des guerriers, principalement ceux liés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
Les troubles djihadistes dans la région du Sahel ont commencé au Mali et se sont maintenant déplacés vers les pays voisins du Burkina Faso et du Niger, mettant en danger les gouvernements autour du golfe de Guinée. Ainsi, la menace des militants de l’organisation État islamique (EI) et d’Al-Qaïda, qui ont établi des bases au Niger et au Burkina Faso et multiplient désormais leurs attaques sur leur territoire, est présente au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana , et Togo. L’inquiétude se développe également sur le recrutement local potentiel à l’intérieur de ces pays.
Expansion
Selon nos confrères de l’AFP, les ménages endogènes – constitués de recrues locales – se multiplient partout dans les régions frontalières d’Afrique de l’Ouest. Ces ménages « se nourrissent des fragilités propres aux territoires : tensions d’accès aux ressources, stigmatisation communautaire, existence de réseaux criminels prompts à se radicaliser », écrit Mathieu Pellerin, chercheur à l’IFRI, dans un rapport paru en février.
Ainsi, il soutient que la guerre civile algérienne et la décennie sombre de 1991 à 2002 sont à l’origine de ce plongeon vers le sud. L’activité terroriste a augmenté en 2012 après le renversement de Kadhafi. Après dix ans, force est de constater que le danger terroriste est plus grave que jamais au Sahel. Et le phénomène ne cesse de croître. Les différentes opérations militaires, qu’elles soient menées par la France, l’ONU ou les forces armées régionales, n’ont pas pu éteindre ce feu qui se rapproche chaque jour davantage du golfe de Guinée. il.
Les nations côtières doivent mieux appréhender les liens entre l’extrémisme et les activités illégales qui permettent à ces organisations de réunir les financements nécessaires à leurs opérations, en plus des agressions. Rappelons que le Bénin a subi ses assauts les plus sanglants les 8 et 10 février, lorsque des patrouilles dans le parc national du W ont été attaquées par des engins explosifs improvisés. Selon les autorités, 12 personnes ont été blessées en plus de 12 rangers, dont un instructeur français, qui ont été tués. Entre fin novembre 2021 et début janvier 2022, de nombreuses personnes avaient déjà été tuées dans une série d’agressions au nord du Bénin.
Le 9 novembre 2021, un poste de sécurité dans la ville de Sanloaga au Togo voisin a également subi sa première attaque. Puis, le 19 février, les habitants de la région des Savanes du hameau de Lalabiga ont été priés d’évacuer la zone dans les 72 heures par des membres présumés d’organisations extrémistes violentes, selon Yark Damehame, ministre togolais de la Sécurité et de la Protection civile. Enfin et surtout, cette nation a récemment subi une nouvelle attaque dans sa région nord qui aurait fait 10 morts parmi les soldats. Au premier semestre 2021, de nombreuses attaques en Côte d’Ivoire ont fait au moins 11 morts ou blessés.
Ripostes
Les pays de l’Initiative d’Accra cherchent à travailler ensemble plus étroitement dans les domaines de la sécurité et du renseignement pour combattre le danger posé par les djihadistes. Ainsi, le 17 novembre à Accra, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo ont rencontré le Mali et le Niger, également nations observatrices, afin de renforcer leur collaboration dans la lutte contre l’expansion de la violence djihadiste vers les plages du Golfe de Guinée. Selon le ministre ghanéen de la Sécurité nationale, Albert Kan-Dapaah, l’extrémisme violent représente un danger croissant pour la sous-région et est « plus répandu qu’on ne le pensait auparavant et transcende les frontières ».
Des personnalités importantes des systèmes antiterroristes de ces pays commencent à se rendre compte que des citoyens d’États côtiers ont été enrôlés pour combattre au Sahel et ailleurs. En revanche, relativement peu d’attention est portée sur les dynamiques qui soutiennent ce phénomène, ses acteurs, les avantages des recrues, les lieux de recrutement et les approches pour le combattre.
Les conflits locaux dans les États côtiers pourraient servir de terrain d’entrée pour les organisations extrémistes violentes qui arbitrent ou soutiennent l’une ou les deux parties au conflit, comme au Sahel. De même, les organisations gagnent le soutien des habitants des villages frontaliers, surtout s’il y a un manque d’infrastructures de base ou de services publics, en veillant à ce qu’ils aient accès à ces services, y compris la protection.
Plus de 20 actes terroristes ont été signalés au Bénin depuis 2022. Un mois seulement s’était écoulé depuis que l’armée togolaise avait repoussé avec succès une attaque similaire dans la zone de savane du pays, au cours de laquelle 8 soldats avaient été tués lors de la première frappe djihadiste meurtrière du pays. Dix jours plus tôt, à 30 kilomètres de distance, les jihadistes avaient frappé au Togo. Les hommes de la Katiba Hamza, arrivés du Burkina Faso et déjà totalement infiltrés dans la région du Parc de la Comoé, tentent depuis un an d’être repoussés en Côte d’Ivoire, plus à l’ouest, déjà fortement endommagée par les Attentats de Grand-Bassam en 2016.