Enfin le découpage administratif : Sur fond d’équations et d’interrogations
Enfin le découpage administratif : Sur fond d’équations et d’interrogations
Le fait est que ! Le paquet législatif notoire et très controversé pour la réorganisation territoriale a maintenant été adopté et viendra logiquement s’ajouter aux quelques développements dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali. Néanmoins, cela marque le début d’un projet qui a été bloqué et suspendu à mi-parcours pendant une décennie. L’avancement du projet est allé bien au-delà des attentes, portant le nombre de régions du Mali à 19, soit 8 de plus que celles établies par ATT en réponse aux protestations populaires. En plus d’être une continuation du projet de 2012, il se déroule au cours du même parachèvement avec effet sur les élections pour les cercles et quartiers rattachés qui correspondent à chaque nouvelle région.
L’émergence de ces nouvelles réglementations administratives nécessite également des évolutions législatives appropriées concernant les collectivités territoriales, dont le nombre augmente sensiblement à tous les niveaux, qu’ils soient locaux, communaux ou régionaux. Ainsi, il y a désormais plus de 800 communes supplémentaires (au lieu de 703 à l’origine), auxquelles s’ajoutent 159 collectivités locales pour un plus grand nombre de cercles.
Ségou, qui a été divisée en 11 cercles contre 5 auparavant, compte 78 communautés communales, plus que toute autre région, tandis que Nara, qui vient d’être créée, n’en compte que 14, divisées en 5 cercles.
L’une des nouvelles régions est Bougouni, qui a été créée à partir des entrailles de Sikasso et a été répartie en 57 communes et dix cercles. Elle est suivie de Bandiagara avec 52 communes couvertes par neuf cercles, soit plus que les 53 communes de l’ancienne région de Tombouctou, qui compte désormais 13 cercles malgré sa suppression par Taoudenit et ses trente-six communautés communales regroupées autour de six cercles.
Aussi, il convient de noter que Kidal est la seule région du Mali épargnée par une amputation. Cependant, du fait de la création de nombreux nouveaux cercles par le nouveau découpage, la Huitième Région Irrédentiste enregistre l’émergence de cinq nouvelles collectivités locales, portant à trente (30) le nombre total de communes de la région contre quarante (40) à Gao. trois (43) communes. Réduite à 16 cercles à la suite de la reconstitution de l’ancien cercle de Ménaka en une nouvelle région avec 28 communautés communales et 6 communautés locales, la neuvième région suscite des inquiétudes quant à la menace imminente d’une représentation élective aux dépens de la majorité sénatoriale.
Outre de nombreux autres développements inattendus, citons par exemple l’émergence de l’ancienne sous-préfecture de Farako, qui était coupée de Ségou par le fleuve Niger, et de Djebock, qui faisait autrefois partie de la communauté rurale de N’chawaj qui était relié au cercle de Gao.
Autant de détails insignifiants qui appuient l’idée que la représentation locale commencera à se déplacer en l’absence de critères objectifs et rationnels de rattachement, entraînant un impact financier inimaginable lié à la mise en place et à la prise en charge des proportions élusives résultant du nouveau découpage. Sans dissuader les électorats visés en faisant passer l’inscription électorale du niveau local à l’échelle régionale, les centaines de nouvelles collectivités qui ont besoin de plus de ressources matérielles devraient voir une augmentation vertigineuse du nombre de législateurs à soutenir.
Les mêmes équations s’appliquent également à l’explosion du nombre de quartiers, qui atteint 471 lorsqu’il est réparti entre les différents chefs-lieux du premier cercle.
Car de par son statut unique, l’arrondissement de Bamako est plutôt confronté à l’équation d’un net déséquilibre entre déconcentration et décentralisation. Cela comprend la réorganisation en sept (7) arrondissements constitués de ses six (6) anciennes grandes communautés et de diverses composantes du Kati Circle. Il comprend entre autres toutes les communautés rurales de Kalabankoro et Baguineda ainsi qu’une partie de la communauté Mandé. Suite à la suppression ultérieure de ses six communes, l’administration de la ville de Bamako repose désormais sur un conseil régional présidé par un maire unique représenté au niveau de l’arrondissement par une délégation d’arrondissement. Chacun d’entre eux est en outre dépourvu d’un responsable du gouvernement, ce qui rend la déconcentration plus efficace que la décentralisation dans la gestion des entreprises locales. Clairement, avec la nouvelle restructuration, les administrateurs de la capitale sont plus éloignés de leur électorat que ceux de l’intérieur du pays, où le maintien des collectivités locales est plus conforme aux principes de libre gouvernement et de décentralisation. Il est pertinent de se demander si la nouvelle restructuration de Bamako est compatible avec les enjeux de la ressource en eau et ceux des autres secteurs concernés par le transfert de compétences aux collectivités territoriales.