Consommation : les dangers que représentent les produits frelatés au Cameroun

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Consommation : les dangers que représentent les produits frelatés au

Cameroun

Les produits frelatés ou impropres à la consommation posent un problème de santé publique au Cameroun.

Le laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments et d’expertise du ministère camerounais de la santé publique tire la sonnette d’alarme sur ces produits agroalimentaires.

Des vins et des boissons aux origines douteuses et aux conséquences sanitaires irréparables sont vendus aux populations à des prix très accessibles.

Dans ce reportage dans un marché de Yaoundé, où les produits sont écoulés à l’air libre, on comprend mieux la dangerosité des produits de contrefaçon et de contrebande vendus en bordure de route dans les marchés du Cameroun.

Au marché Foundi de Yaoundé, un après-midi de mercredi, au fond d’une ruelle inondée de boue et de déchets de feuilles mortes, un petit groupe de personnes se tient devant un étal où plusieurs variétés de bonbons faits à base de lait, du moins ce qui semble l’être, sont exposées.

Parmi les clients se trouve Hervé, flatté par les prix de ces produits écoulés à l’heure libre, il préfère se contenter, dit-il, de faire plaisir à ses enfants que de penser aux risques encourus.

« En réalité, ce qui m’attire beaucoup plus c’est le prix. Vous savez, quand vous avez des enfants à la maison et que vous avez des produits à des prix abordables, le premier reflexe c’est d’acheter la quantité pour satisfaire le maximum de personnes possibles », explique-t-il.

A l’autre bout du marché, nous croisons Hermann. Sur sa main droite, le jeune boulanger tient un sac en plastique rempli de pains. Il vient aussi d’acheter une boite de lait concentré vendu dans des brouettes.

Sur la boite, la date de péremption n’est plus visible. Mais pour lui, ce n’est qu’un détail. « Parce qu’on vit dans cette contrefaçon là depuis très longtemps, depuis le bas âge. Et on n’en est pas mort ».

Parmi les produits à risque dénoncés à cause de leur composition douteuse en matière de normes sanitaires, le laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments et d’expertise (Lanacom) du ministère camerounais de la Santé note le whisky frelaté, les vins contrefaits, mais également des boissons gazeuses, des jus dits naturels et des crèmes fraiches.

Des produits écoulés par Audrey Boris au cœur du marché. « Je fais ma crème avec des colorants et les aromes avec du sucre et les stabilisateurs », dit-elle.

« Je me fais livrer ces jus et je les vends. Je n’ai pas une notice qui permet de connaitre quelle est la composition de ces jus, quel est l’impact que ces jus ont sur les populations », souligne un autre vendeur.

Pourtant, selon le Lanacom, ces produits à la fabrication douteuse exposeraient le consommateur aux maladies graves.

Le sphinx renait toujours de ses cendres

Pour endiguer le phénomène, la brigade de contrôle et de répression du ministère camerounais du commerce procède régulièrement au démantèlement des officines de fabrication de ces marchandises dans les quartiers. Mais, à peine une tête coupée, une autre émerge.

Dr Rose Ngono Mballa, Directrice générale du laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments et d’expertise du ministère de la santé (Lanacom), explique les difficultés liées à la réglementation.

« Le problème est là. Comme vous le savez, il y a de petites entreprises clandestines à droite et à gauche qui fabriquent des boissons gazeuses ou hygiéniques ou des jus frelatés, même des boissons alcooliques. Ce qui est dangereux », affirme-t-elle.

Selon elle, ces produits « renferme des substances nocives parce qu’ils ne sont pas toujours stockés dans de bonnes conditions, ou parce que les matières ou les ingrédients utilisés ne sont pas de bonne qualité ».

« Et très souvent les colorants et les édulcorants utilisés sont interdits. Ceci est véritablement un problème de santé publique », avoue-t-elle.

Plusieurs pathologies sont remarquées au sein des populations qui consomment régulièrement ces produits.

« Il y a beaucoup de problèmes. Il y a des problèmes digestifs, dont des ballonnements. Il y a même des problèmes de mort précoce puisque lorsque ce sont des toxines, par exemple les produits qui sont alcoolisés et frelatés, on se retrouve de plus en plus avec des dérivés méthanoïques qui vont entrainer des acidoses sévères par transformation des méthanols qui se forment… »

« Donc tout cela produit des morts précoces. On a des intoxications, des empoisonnements. On a même des cancers, des hépatites. On a des reflux et de plus en plus, on a d’obésité pour ce qui est des produits très sucrés puisque le minimum de sucre dans les boissons hygiéniques doit être dans les 25 et 30g », précise Dr Rose Ngono Mballa.

Ebauche de solutions

Dr Rose Ngono Mballa a énuméré un certain nombre de mesures fortes à adopter pour arrêter la commercialisation de ces produits nocifs :

  • Il faut doter les institutions spécialisées dans le contrôle de qualité de moyens techniques et financiers pour renforcer le contrôle.
  • Il faut que les trois piliers de l’infrastructure nationale de la qualité soient bien individualisés, indépendamment mis en place et travaillent de manière interdépendante.
  • Il faut renforcer la politique de suivi du marché avec des plannings de prélèvement des échantillons et des campagne nationales de contrôle, de sensibilisation.
  • Il faut former et renforcer les équipes d’inspecteurs assermentés et multiplier les descentes sur le terrain.
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